Interview d’Eric Bergue (HortiTrace)

Rencontre avec Eric Bergue, Dirigeant d'HortiTrace. Partenaire de La graine, HortiTrace est spécialisé dans la gestion, la collecte et la relocalisation des supports logistiques réutilisables.
Interview HortiTrace

Comment est né HortiTrace ?

J’ai toujours travaillé dans la filière horticole. J’ai commencé ma vie professionnelle comme directeur de jardinerie. J’ai fait ensuite un passage en tant que Responsable logistique dans le monde de la production chez Fleuron d’Anjou avant de prendre la direction de la filiale française puis italienne et espagnole pour Container Centralen. Donc, j’avais vu la gestion du roll dans l’aval, l’amont et en tant qu’opérateur chez Container Centralen.
À l’époque, l’organisation des retours était faite et gérée par chaque producteur individuellement. J’avais identifié, notamment sur notre marché Sud-Europe, qu’un outil de mutualisation était le maillon manquant. J’en avais mis en place une version expérimentale en tant que Container Centralen sans pouvoir aller au bout du projet suite à un changement de gouvernance.
C’est à ce moment-là que je me suis associé aux anciens dirigeants de La Graine, Jean-Yves Voisin et Serge Richard, qui réfléchissaient de leur côté à un outil purement dédié à la gestion des consignes. Je suis arrivé en leur disant bingo, mais on va aller un cran plus loin. On construit une solution qui non seulement va savoir gérer les consignes, mais qui en plus va aller les chercher puis les ramener, comme ça on aura bouclé la boucle. Et voilà comment le projet s’est monté avec deux angles de vue qui au départ faisait qu’ensemble on avait les deux maillons du projet HortiTrace.

Collaborateur HortiTrace manipulant un roll

Quels sont les services proposés par HortiTrace ?

HortiTrace est une entreprise qui a plus de 13 ans. Elle a été fondée sur un métier de niche qui est au départ la reverse logistique, c’est-à-dire la gestion des flux retours d’emballages dans l’univers horticole. Les horticulteurs et pépiniéristes nous confient la gestion du retour des emballages utilisés pour expédier leurs plantes, la gestion des données pour avoir à jour les balances avec leurs clients et organiser le flux de collecte et de rapatriement sur les sites de production. Donc ça c’est le métier historique sur lequel on a démarré l’entreprise ; c’est encore le métier principal.

Quels sont vos axes de développement ?

Parfois, les périodes plus contraintes pour les prestataires que nous sommes, révèlent des opportunités. Depuis quelques années, nous avons deux axes de développement stratégiques.

Le premier, c’est de dupliquer ce métier de gestion des emballages à d’autres filières. Nous travaillons depuis quatre ans maintenant dans l’univers des jeunes plants maraîchers pour de la gestion de caisses plastiques et depuis trois ans dans le monde de la menuiserie industrielle avec une gestion de palette spéciale destinée à conditionner les portes, les fenêtres, les portes de placards… Nous accompagnons ces 2 nouvelles filières avec le même type de services : gestion des données, gestion du flux physique de collecte et de rapatriement.

Le deuxième axe concerne notre univers historique de l’horticulture pour lequel nous développons des services connexes à la reverse comme des prestations logistiques de stockage pour Container Centralen, qui gère le parc de rolls en Europe. Nous gérons aujourd’hui une dizaine de dépôts de stockage pour eux.

Depuis trois ans, nous avons également développé une activité de livraison des plantes pour plusieurs clients français et étrangers notamment d’Europe du Sud.

Pour avoir un ordre de grandeur, quels sont les chiffres clés de votre activité ?

Notre chiffre d’affaires va avoisiner cette année les 6 millions d’euros.
En termes volumétriques, nous traitons environ 200 000 rolls horticoles par an. Pour vous donner une échelle, le plus petit client doit nous confier 300 rolls à l’année et le plus gros 60 000. Nous gérons également 150 à 160 000 caisses.
Sur la menuiserie industrielle, on gère autour de 6 000 mouvements de palettes.
Enfin, nous livrons environ 30 000 rolls de plantes à l’année.

Comment fonctionne votre service de mutualisation des rolls ? Les producteurs sont-ils propriétaires des rolls ?

Sur les rolls, il peut y avoir plusieurs façons de les détenir.
Globalement, il y a deux parcs de rolls en Europe, le roll CC, propriété de Container Centralen. Les clients sont locataires de ces emballages avec un système de maintenance pour lequel ils acquittent une contribution annuelle qui permet de changer les matériels lorsqu’ils sont cassés. A côté de ça, il y a un parc dit par opposition non CC où les rolls appartiennent à chacun des clients mais sans distinction et sans marquage d’appartenance. De ce fait, les échanges sont plus libres mais avec un risque sur la nature et la qualité des matériels.
80% de nos flux se font sur le pool de rolls CC avec cette gestion plus sécurisée de la qualité du matériel.

Quelles technologies utilisez-vous pour collecter et relocaliser les supports logistiques réutilisables ?

Il y a deux modes de flux qui sont gérés via les interfaces développées par La Graine.
Pour les clients utilisateurs de votre solution de gestion commerciale, il y a une fonctionnalité dans FlowOne qui nous envoie les données directement à la validation de la commande.
Pour ceux qui utilisent un autre ERP, il existe également une interface qui permet d’aller piocher dans les logiciels des clients les données dont on a besoin.
Dans les deux cas, la transmission est totalement automatisée et sécurisée.

Ensuite, nous avons une plateforme opérationnelle qui permet à mon équipe et à nos transporteurs de travailler sur le même outil, sur lequel ils réalisent eux-mêmes leur production de documents, la saisie des quantités collectées, les mouvements de sortie et de relivraison vers nos clients.

Comment se fait le suivi des rolls précisément ?

Les matériels CC sont identifiés avec une double identification code barre et puces RFID, mais qui n’est utilisée que pour déterminer l’authenticité, notamment quand ils ont besoin d’être échangés contre des matériels en bon état s’ils sont cassés. Nous n’utilisons qu’une gestion en nombre, puisqu’en fait l’identité unique du roll nous importe peu. Au contraire ce que l’on exploite, c’est la fonctionnalité standard et interopérable des rolls qui fait que nous allons récupérer en nombre une quantité de matériels pour les rendre au producteur le plus proche. Le roll expédié par le client de Bretagne à Marseille dans la plupart des cas ne remonte jamais en Bretagne mais va être rendu à un client de Montpellier ou à Lyon.

Quels sont les principaux avantages pour les producteurs à utiliser HortiTrace ?

Tout l’intérêt de notre modèle, c’est cette mutualisation des flux qui permet déjà des mouvements plus massifs puisqu’on va collecter sur un magasin pour plusieurs fournisseurs différents en une seule fois et qu’on peut grâce à la fonctionnalité standard du matériel ne les rendre qu’au producteur le plus proche et pas leur refaire traverser la France inutilement.
Cette mutualisation a des impacts économiques et environnementaux.
Externaliser une partie de la logistique et de l’organisation du transport permet à nos clients d’avoir des équipes dédiées à cette activité beaucoup plus réduite. Un prospect important me disait il y a quelques semaines avoir deux personnes à plein temps en saison sur cette gestion des rolls. Là où nos clients avec un volume plus important que cette entreprise-là, ont à peine un mi-temps. Donc on représente aussi une optimisation de la ressource humaine avec des économies significatives à la clé.
Enfin, nous faisons gagner une à deux rotations par an à nos clients, ce qui, en termes de coût à la rotation, est tout à fait déterminant par rapport à la valeur du parc.

Le développement des emballages réutilisables est un des enjeux majeurs du secteur horticole. Vous avez mis en place des actions en vue du développement des plaques plastiques réutilisables. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Cela fait partie justement de l’axe stratégique de la filière horticole. Le roll historiquement, il est réemployable depuis 40 ans. Aujourd’hui c’est l’essentiel de notre activité. Mais quand on voit les évolutions réglementaires et sociétales, nous sommes convaincus que d’autres matériels vont devenir réemployables, donc récupérables ou vont devoir être récupérés. On pense bien évidemment aux plaques plastiques, et demain aux films plastiques autour des rolls expédiés. Si à l’avenir, il faut collecter des plaques, des housses, notre organisation nous permettra de le faire efficacement.  
Sur la collecte des plaques plastiques, nous travaillons depuis 3 ans avec les Ets Robin Productions. Cela nous permet de rôder le modèle et de montrer que justement, on peut aller au-delà de la gestion des rolls.
On s’est plus récemment rapproché de la structure Euro Plant Tray pour être justement demain sur la France une entreprise de collecte de ces plaques qui vont être conçues pour être multi-rotation et réemployables.

Ces nouveaux matériels sont pour nous, à l’horizon des 3 à 5 ans qui viennent, le relai de croissance le plus significatif.

HortiTrace a participé au groupe logistique lancé par Valhor. Retrouvez ici le guide des bonnes pratiques pour le retour des rolls.

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